Pour garantir la sécurité d’approvisionnement, la Stratégie énergétique 2050 mise en grande partie sur l’hydroélectricité. Au cours des dernières années, les producteurs d’électricité ont toutefois souffert d’une baisse de leurs recettes et de leurs bénéfices, voire de pertes considérables dans certains cas. De ce fait, les moyens requis pour le renouvellement des infrastructures font défautEntre 2017 et 2019, les prix de gros du courant de charge de base se sont quelque peu redressés..
Cette situation économique est liée à l’évolution sur le marché européen et à la chute des prix intervenue ces dernières années. Celle-ci s’explique par la libéralisation du marché de l’électricité en Europe, par la part croissante d’électricité issue de sources d’énergie renouvelables, ainsi que par le faible coût du charbon et du CO2. La faiblesse des prix du CO2 s’explique à son tour par l’offre excédentaire de certificats d’émissions.« Wasserkraft : Wiederherstellung der Wettbewerbsfähigkeit », Livre blanc SCCER CREST, mars 2016
Lorsque les prix de gros sont bas, les coûts d’investissement et d’exploitation de la force hydraulique ne peuvent plus être couverts ou alors tout juste. À court terme, il s’agit par conséquent d’améliorer les rendements ; et à long terme, de nouvelles stratégies d’investissement, des stratégies commerciales alternatives, une bonne compréhension des marchés futurs et un usage optimal des technologies de production et de stockage décentralisés sont nécessaires.
Un des enjeux politiques actuellement les plus controversés est sans doute la redevance hydraulique, c’est-à-dire le dédommagement que versent les producteurs d’électricité aux cantons et aux communes en contrepartie de l’eau qu’ils utilisent. Pour les régions de montagne, la redevance hydraulique représente une source de recette non négligeable. Une étude récemment publiée par l’AES« L’hydraulique suisse est taxée jusqu’à neuf fois plus que la concurrence étrangère », AES, 18 février 2019 indique qu’en raison de la redevance hydraulique, les compagnies d’électricité suisses payent des taxes excessives par rapport aux autres pays et souffrent de ce fait d’un handicap concurrentiel par rapport à l’énergie hydraulique étrangère, mais aussi vis-à-vis du courant issu d’autres sources d’énergie. Les cantons de montagne contestent cette vision. Selon eux, la redevance hydraulique n’est pas une taxe, mais le prix d’une matière première et, par conséquent, une source de revenu. De plus, l’enquête de l’AES est jugée incomplète, parce que son comparatif avec les pays voisins ne tient compte ni de la TVA, ni des subventions.J. Meier, NZZ am Sonntag, 24 février 2019, p. 33
La réforme de la redevance hydraulique nécessite un processus politique.« Wasserkraft : Wiederherstellung der Wettbewerbsfähigkeit », Livre blanc SCCER CREST, mars 2016 Le Parlement et le Conseil fédéral ont décidé de prolonger le système fixe actuel jusqu’en 2024, afin de disposer de temps pour développer une nouvelle solution.